Observations d’un
peintre m’zungu
Les gens qui
passent lorsque je peins en ville donnent une bonne idée de Mayotte ; quatre
vingt dix pour cent sont noirs et dix pour cent sont blancs. Certains
s’arrêtent, beaucoup ne s’arrêtent pas.
Je ne parle ici que des gens qui ne me connaissent pas et qui s’arrêtent quand même.
Sur dix wazungu qui s’arrêtent six ou sept sont des femmes, trois ou quatre sont des hommes.
Sur dix noirs qui s’arrêtent, neuf sont des hommes.
Sur dix wazungu mâles qui s’arrêtent plus de la moitié ont une parole aimable, ou font un compliment sur le travail ; la conversation s’engage si mon regard croise le leur.
La proportion est à peu près la même si les wazungu sont des femmes.
Sur dix hommes noirs qui s’arrêtent sept ou huit vont faire un sourire, un bonjour ou/et un compliment. Même s’il n’y a pas communication visuelle.
Sur dix femmes qui s’arrêtent deux ou trois vont faire un sourire ou un hochement de tête. S’il n’y a pas échange de regards il est rare que la femme prenne l’initiative de la parole.
L’attitude des hommes d’ici oscille entre le manque d’intérêt et l’intérêt poli, souvent teinté d’une pointe d’amusement ; quelque chose comme : « Et vraiment on peut vivre de CA ?! »
L’attitude des femmes d’ici oscille entre le manque d’intérêt, voire la franche rigolade si elles sont à plusieurs et la réaction pas toujours polie. Le mépris, lorsqu’il existe, est clairement affiché. Plus le niveau social est bas plus les femmes d’ici ont cette attitude.
Je ne parle ici que des gens qui ne me connaissent pas et qui s’arrêtent quand même.
Sur dix wazungu qui s’arrêtent six ou sept sont des femmes, trois ou quatre sont des hommes.
Sur dix noirs qui s’arrêtent, neuf sont des hommes.
Sur dix wazungu mâles qui s’arrêtent plus de la moitié ont une parole aimable, ou font un compliment sur le travail ; la conversation s’engage si mon regard croise le leur.
La proportion est à peu près la même si les wazungu sont des femmes.
Sur dix hommes noirs qui s’arrêtent sept ou huit vont faire un sourire, un bonjour ou/et un compliment. Même s’il n’y a pas communication visuelle.
Sur dix femmes qui s’arrêtent deux ou trois vont faire un sourire ou un hochement de tête. S’il n’y a pas échange de regards il est rare que la femme prenne l’initiative de la parole.
L’attitude des hommes d’ici oscille entre le manque d’intérêt et l’intérêt poli, souvent teinté d’une pointe d’amusement ; quelque chose comme : « Et vraiment on peut vivre de CA ?! »
L’attitude des femmes d’ici oscille entre le manque d’intérêt, voire la franche rigolade si elles sont à plusieurs et la réaction pas toujours polie. Le mépris, lorsqu’il existe, est clairement affiché. Plus le niveau social est bas plus les femmes d’ici ont cette attitude.
Les indigènes
mâles faisant partie de l’élite (bien habillés, français correct, grosse
voiture, bureau secondaire au 5/5, parking en double ou en triple file) ont le
même comportement que celui décrit précédemment. Indifférence, mutisme, vague
mépris.
Les indigènes mâles du tout venant, ceux qu’on trouve à la campagne, les gueux, les va nu pieds, les matsaha vendeurs d’oignons sont quant à eux curieux, souriants ou goguenards, et poseurs de questions.
Les mahoraises faisant partie de l’élite s’arrêtent, regardent, engagent volontiers la conversation, commentent et sont aimables. Eh oui !
Les femmes du tout venant manifestent au mieux de l’amusement jovial au pire du mépris et lorsqu’il y a mépris celui-ci est clairement affiché puisque, si je les regarde, elles passent en tournant ostensiblement la tête. Non seulement elles ne s’intéressent pas à mon travail mais elles me font voir qu’elles ne s’y intéressent pas.
Peu de différence entre les jeunes hommes et les plus vieux, sinon peut-être que les jeunes se marrent davantage.
Une grande différence par contre entre les femmes adultes, pas toujours aimables et les jeunes, rigolardes mais plus intéressées.
Les indigènes mâles du tout venant, ceux qu’on trouve à la campagne, les gueux, les va nu pieds, les matsaha vendeurs d’oignons sont quant à eux curieux, souriants ou goguenards, et poseurs de questions.
Les mahoraises faisant partie de l’élite s’arrêtent, regardent, engagent volontiers la conversation, commentent et sont aimables. Eh oui !
Les femmes du tout venant manifestent au mieux de l’amusement jovial au pire du mépris et lorsqu’il y a mépris celui-ci est clairement affiché puisque, si je les regarde, elles passent en tournant ostensiblement la tête. Non seulement elles ne s’intéressent pas à mon travail mais elles me font voir qu’elles ne s’y intéressent pas.
Peu de différence entre les jeunes hommes et les plus vieux, sinon peut-être que les jeunes se marrent davantage.
Une grande différence par contre entre les femmes adultes, pas toujours aimables et les jeunes, rigolardes mais plus intéressées.
L’attitude des
passants, qu’ils soient hommes ou femmes diffère sensiblement selon que le
travail est petit (tableau sur chevalet) ou grand (peinture sur mur) et surtout
si le travail est en couleur ou en noir et blanc. Dans ce dernier cas,
c'est-à-dire lorsqu’il n’y a que dessin, les chalands des deux sexes
s’arrêtent, discutent, plaisantent.
Je n’ai dessiné
qu’une fois en extérieur en Grande Comore et je ne peux donc rien en dire. J’ai
par contre dessiné et peint à Anjouan (Mutsamudu) et à Mohéli. Les réactions
dans ces deux iles sont les mêmes que celles observées à Mayotte, à une
exception toutefois, celle de la classe « élite » où les attitudes
sont à l’inverse de celles de Mayotte. A Moheli, et surtout à Anjouan mon
expérience m’a conduit à constater que les hommes en place discutent avec le
peintre plus volontiers que ne le font leurs consœurs. Depuis vingt ans que je peins
ici les commentaires les plus méprisants, voire les plus agressifs ont été le
fait d’Anjouanaises aisées. C’est comme ça ; Denam’neyo.
Conclusions
brèves
Dans les
Comores en général et à Mayotte en particulier les gens se fichent complètement
de la peinture. Ca, on le savait. A partir de là, deux questions : est-ce
que ça peut changer ? Est-ce que
ça doit changer ? Impossible de
répondre à ces questions dans le format de ce billet. Quelques pistes
cependant.
S’il y a changement il ne viendra sans doute, à Mayotte du moins, que des femmes ayant un niveau d’éducation supérieur. Rien à attendre des hommes à cet égard, sauf bien sur si l’artiste va faire ses courses en Ferrari.
Le changement arrivera sans doute plus par le dessin que par la peinture. Peut-être alors conviendrait-il de se passer des profs d’arts plastiques et de les remplacer par des gens sachant dessiner. Des artistes chinois par exemple, fort calés dans ce domaine et auxquels il serait difficile de dire que le dessin ou la peinture sont « des trucs de M’zungu ».
Resteront les questions de savoir si la promotion d’un art se fait par le maître ou par l’agrégé ; est-ce que la peinture sert à quelque chose ; et la toute première des questions, à savoir pourquoi y a-t-il si peu d’intérêt pour la peinture dans la région ?
S’il y a changement il ne viendra sans doute, à Mayotte du moins, que des femmes ayant un niveau d’éducation supérieur. Rien à attendre des hommes à cet égard, sauf bien sur si l’artiste va faire ses courses en Ferrari.
Le changement arrivera sans doute plus par le dessin que par la peinture. Peut-être alors conviendrait-il de se passer des profs d’arts plastiques et de les remplacer par des gens sachant dessiner. Des artistes chinois par exemple, fort calés dans ce domaine et auxquels il serait difficile de dire que le dessin ou la peinture sont « des trucs de M’zungu ».
Resteront les questions de savoir si la promotion d’un art se fait par le maître ou par l’agrégé ; est-ce que la peinture sert à quelque chose ; et la toute première des questions, à savoir pourquoi y a-t-il si peu d’intérêt pour la peinture dans la région ?
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