vendredi 31 décembre 2010

Une bonne année



Voilà ce qu'on se souhaite. Plein de joies et peu, très peu d'emmerdes. Quoi d'autre?

Voilà les deux derniers; la vista sous marine n'est pas finie; elle aura des poissons rouges et des poissons bleus.

Et bonne année...

mercredi 22 décembre 2010

Nostalgie


Ça c'est Combani. Pour ceux qui connaissent, si on continue sur ce chemin on va vers la retenue collinaire. La route qui y conduit ressemble encore à une piste, la poussière y est toujours présente, on trouve encore une ou deux cases en torchis sur les talus mais il est clair que ce que je peins est de plus en plus éloigné de la réalité. Pas de voitures ni de scooters sur les bas côtés par exemple. M'en fous; ça me permet de faire des tableaux qui me plaisent, avec des ombres et des lumières et le temps qui passe doucement, sans heurts, sans règles, sans agressivité. Peut-être n'était-ce même pas ainsi auparavant et je ne sais dailleurs pas si j'aimerais vivre dans une telle atmosphère. Avec des images comme celles-ci on n'imagine pas les moustiques, la boue pendant la saison des pluies, la psychorigidité des bwenis, l'inconstance des engagements. Dans une scène comme celle-là on n'imagine pas qu'on puisse "travailler", c'est à dire ahaner et remettre vingt fois son ouvrage sur le métier. Et que ferais-je si je ne travaillais pas? Le paradis n'est pas fait pour les vivants. Imagine-t-on le froid, les rats, les dents trop tôt gâtées dans un tableau de Vermeer? L'art ne consiste pas nécessairement à mentir mais, surement, il consiste à taire. Choisir quoi ne pas dire, là commence peut-être le vrai travail de l'artiste. Epargner à l'Histoire ce qui n'est pas essentiel. Et prier le Ciel pour avoir fait le bon choix. Le reste n'est qu'application à la tâche.

dimanche 19 décembre 2010

changement


Loin de l'agitation, loin des sirènes hurlantes
Me conviennent aujourd'hui les sirènes apaisantes;
Elles me firent changer, preuve qu'elles me charmèrent,
Mon regard, mes sujets, ma gamme et ma manière.

Ainsi, aujourd'hui, nous eûmes une tortue; puis nous aurons des algues et des rochers, puis des poissons bleus...patience. Ma muse s'est fait pousser une queue de poisson.

lundi 6 décembre 2010

reprise de la couleur



Ce tableau était en noir et blanc; j'ai eu envie de le coloriser et voilà ce que ça donne.

Bientôt ses panneaux sous marins, pour remplacer mes danseurs à Jumbo.

vendredi 26 novembre 2010

reprise


Me voilà de retour à Mayotte où j'ai repris la vie là où je l'avais laissée, à deux ou trois toiles d'araignée près. Pas encore trop chaud, pas encore trop humide, pas encore grognon et encore deux kilos de moins. La vie est belle. Sauf qu'il y a des flics et des gendarmes partout. On se croirait en état de siège, mais non, c'est la vie normale ici, à croire qu'on est dans une favela brésilienne ou à Grenoble. En métropole, et surtout en province, quand on voit un pandore c'est qu'on est allé le chercher. Ici, au moins six barrages de police en deux jours rien que sur un parcours pépère. Heureusement ils ne contrôlent que les noirs, fichant aux sexagénaires blancs une paix royale. Ah les brave gens! Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire à Mayotte depuis huit ou neuf ans et je ne l'ai pas mise une seule fois. Jamais je ne ferais ça en métropole où ils arrêtent les noirs ET les blancs. Fichu pays. Le jour de ma première amende "pour de vrai" je saurai que la départementalisation est bien là. N'empêche, tous ces gros muscles, toutes ces sirènes, hurlantes les sirènes, pas lascives pour un sou, tous ces cowboys et cowboyesses, tout ça me parait très laid. Beuark!
Repris le boulot, sur des fonds sous marins. Pas envie de toucher à l'indigène en ce moment. Plutôt envie de flotter.

mercredi 13 octobre 2010

Bonheur...


La compagnie de mes deux amies était fort agréable et le déjeuner excellent. Il faisait beau et même chaud pour cette mi octobre et la table avait été placée sur la terrasse surplombant la plaine du Thouet où paissaient des chevaux. Pas de bruit à part les oiseaux. On a commencé par des moules ramassées la veille à Pornic, un après midi de grande marée, cuites avec un peu de vin blanc et quelques herbes, sans crème, suivies par la fameuse andouillette de Thouars, réputée beaucoup moins grasse que ses concurrentes, accompagnée par des mogettes locales et des champignons, locaux eux aussi et eux aussi récoltés la veille. La salade, du jardin, était à l'huile de noix, meilleure que l'huile d'olive et saturée d'anti-oxidants, tout comme le Saint Estèphe de 96, le meilleur contre le cholestérol selon la maîtresse de maison. Personne ne l'a contredite. "L'ail aussi est bon contre le cholestérol;" nous approuvâmes derechef et comme il s'en trouvait dans les bolets et la salade nous prîmes et reprîmes soin de notre santé. Le sorbet avait été fait à la main "avec des framboises de cet été" la rhubarbe et les prunes venaient du jardin comme il se doit. "Il n'y a que le rhum qui ne soit pas d'ici mais si on est raisonnable ça ne peut pas faire de mal". Nous fûmes donc raisonnables, comme il sied à des sexagénaires polis par l'expérience et mûris par la vie. Au café, très convenable, nous étions tombés d accord sur l'arrogance de nos gouvernants, l'ineptie de l'Europe et la futilité du siècle. La conversation avait sautillé sur des sujets frivoles et aimables comme le régime de Karl Lagerfeld, l'éditorial de Mayotte hebdo ou le plaisir à regarder les chevaux en contrebas qui broutaient tranquillement, un peu comme nous sur la terrasse, allant et venant et s'offrant parfois la jouissance d'une course dans les herbes un peu hautes; nous avions parlé d'Art, de Monet, ah! Monet!... de Van Gogh, ah! Van Gogh!... de Marcel bien sur, aaaAAAhhh! Marcel!...

De retour dans mon atelier je mets la dernière main au dernier personnage et j'attaque les arbres. Bonheur... Finie provisoirement la rigueur qu'exige la manipulation des corps et des visages; mise en sommeil l'angoisse du résultat final; le travail cède un temps la place au plaisir, le temps d'un arbre ou deux, qui n'ont pas besoin de ressembler à des arbres connus, qu'on n'a pas besoin de nommer, auxquels je mets les feuilles et les branches que je veux là où je le veux, qui doivent juste remplir l'espace supérieur du tableau le plus en harmonie, le plus en douceur, le plus en compassion possible. On leur demande - JE leur demande - juste d'être beaux. Que m'importent les grèves auxquelles je ne prends pas part; que m'importe cette retraite qui ne m'a jamais attiré et qui ne me concerne pas; que m'importent ces jeunes de moins de vingt ans qui saisissent la retraite comme porte voix pour se faire entendre. Se mobiliser pour la retraite alors qu'on a seize ans! Prétexte dérisoire. Injustice, surconsommation, exploitation, pourquoi ne pas appeler les révoltes par leur nom? Sans doute parce que la peur commence à être plus forte que la colère. Le pouvoir et le peuple voient le monde de la même manière, tous ont la même vision de l'avenir, chacun s'attend à une condamnation de ce qui a fait la force de l'Occident et nul ne se risquera plus avant longtemps à espérer ou croire en une rédemption. Il n'y a plus ni gauche ni droite parce qu'il n'y a plus de différence d'opinion. Il n'existe plus qu'une différence de moyens. Les moyens de ceux qui possèdent et les moyens de ceux qui ne possèdent pas. Ceux qui possèdent espèrent garder et ceux qui ne possèdent pas n'ont plus l'espoir de posséder. "Garder" est le mot qui monte. Les fronts nationaux ont de beaux jours devant eux.

Et pendant ce temps là Marcel fait des vers! Ou ce qui en tient lieu. Il cherche à faire joli quand le monde s'enlaidit, harmonieux quand le siècle croasse, durable quand l'écroulement guette. Exquise futilité. Aujourd'hui que j'ai fini le gros œuvre de mes personnages et que je joue avec les frondaisons je sais que ce tableau est bientôt fini. Dimanche je travaillerai le sol et peut-être la mer; puis, une ou deux semaines plus tard je chercherai mes ombres c'est à dire ma lumière avant de revoir l'ensemble des détails et faire le tri entre ce qui compte et ce qui ne compte pas. Après ce tableau il ne m'en restera plus que dix neuf autres, cinq par île, pour construire mon portrait des Comores. Dix neuf autres du même format (2,50 m x 1,25 m) et sans doute de la même facture. Avant de m'endormir en paix.Aujourd'hui, pour la première fois, j'ai su que le processus était lancé; je ne peux plus me tromper; lorsque j'aurai des doutes ou des ignorances je n'aurai pas besoin de chercher un autre passage; il me suffira simplement de ralentir. Tout le reste est désormais au service de cette tâche. Je ne sais absolument pas si mon travail durera; je VEUX qu'il dure, là est mon seul engagement. Ma seule retraite.

Bonheur...

dimanche 10 octobre 2010

De la critique


Je le répète les seules critiques que j'accepte sont celles venant d'amis, de clients ou de professionnels. Ceci dit je ne les accepte jamais avec grand plaisir et je me ferais crucifier plutôt que de reconnaître leur pertinence au moment où on me les fait. Je donne alors au critiqueur l'impression qu'il est nul, ou ignorant, ou qu'il s'occupe de ce qui ne le regarde pas. Mais sitôt disparu le fâcheux je scrute mon travail et, sans rien dire à personne je corrige s'il y a besoin de corriger.
C'est ce qui s'est passé avec le premier dessin; on a trouvé que l'enfant n'était peut-être pas bien proportionné par rapport aux adultes voisins. La remarque était juste et la deuxième mouture en tient compte.
Quant aux critiques professionnels je ne puis résister, puisqu'on en parle, à citer cette définition tout droit venue d'Angleterre: "un critique est semblable à ces scarabées qui pondent leurs œufs dans le caca des autres." Et toc!

samedi 2 octobre 2010

portrait de Mayotte







Je sais ça a un petit goût de réchauffé pour ceux qui connaissent mon travail mais je poursuis mon idée de faire un portait des Comores en vingt grands tableaux (2,50 m x 1,25 m), probablement tout en noir et blanc, une sorte de leg ou de testament peu importe, ma contribution personnelle à la lecture des Comores. Et on commence par Mayotte. J'ai plaisir à reprendre ce que j'ai déjà fait en couleur; je trouve mon travail plus juste et plus soigné. Plus lent aussi. Je n'ai pas du tout envie d'utiliser la couleur pour mes personnages; c'est marrant, quelque chose me dit que mes tableaux en couleur sont encore un travail de jeunesse et que mon portrait des Comores sera un travail de vieux! On verra bien.

mercredi 29 septembre 2010

Les deux derniers





Bon et bien ça y est. Vingt cinq tableaux qui devaient au départ être faits en noir et blanc avec un petit peu de couleur et qui n'ont au final pas de noir et blanc du tout. Le premier résultat c'est que ça m'aura donné envie de refaire de la couleur, lais pas pour tout. Les choses et animaux sous marins ont ceci de bien que lorsqu'on les peint on n'a pas besoin de faire ressemblant.Bon nombre des sujets que j'avais sous les yeux ont été un prétexte pour juxtaposer couleurs et matières. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas "laissé aller" de cette façon; c'est agréable. Vraiment, je me vois de plus en plus faisant les deux; couleur et noir et blanc. Mais comme je suis incapable de prédire mon propre avenir je ne peux à ce stade que dire "on verra".
Plus que six semaines à tirer.
A bientôt

mardi 28 septembre 2010

lundi 27 septembre 2010

Trois de plus...








Il ne restera plus que quatre tableaux et on arrivera à vingt cinq. Deux demain, deux après demain et ce sera fini. Merci à Olivier pour avoir remarqué une cohérence dans cet ensemble. Lorsqu'on fait une série la notion de cohérence est importante, comme l'est un fil d'Ariane et je compte bien le prouver à Mayotte au printemps. C'est le principe d'une collection.
En ce qui concerne l'importance du "regard" sur le travail du peintre Falumé a raison, tout comme Sev et François. Ce n'est pas une réponse de jésuite; vous n'avez pas raison au même moment. Quand je travaille seul mon regard compte, Dieu merci et lorsque mes tableaux sont finis mon regard n'a plus aucun intérêt. Seul compte celui des autres. De n'importe quel autre. Avant que Mona Lisa ne soit vue par quelqu'un d'autre que son faiseur La Joconde n'était rien d'autre qu'une déjection magnifique de Léonard, dont il pouvait être fier. Le regard du premier passant sur le tableau a instantanément transformé cet étron sublime en vecteur de communication de sentiment, c'est à dire en oeuvre d'art. Mais si tous les regards sont égaux face à un objet manufacturé je mentirais en disant que je leur accorde la même importance. Pour moi, les regards qui comptent sont ceux de mes amis (très rares), de mes clients (trop rares), et de ceux qui travaillent mieux que moi (tous morts ou infréquentables. Ah que revienne le temps des ateliers!)
Quatre degrés dans mon atelier ce matin. Il est quatorze heures et on arrive à huit! Et on voudrait après cela que je fusse aimable!
Mes amitiés à tous

dimanche 26 septembre 2010

Trois de plus...







Après ceux-cis il n'en restera plus que quatre. Tant mieux. Avec des températures de quatre et cinq degrés le matin dans un atelier inchauffable travailler devient difficile. Plus que sept semaines à tirer.
A bientôt

samedi 25 septembre 2010

Trois de plus...







Et le moral ne s'arrange pas. "Finir demande un cœur d'acier disait Ingres. Il avait parfaitement raison. L'excitation du début s'efface doucement à mesure qu'on avance vers le terme. Tant que je travaille, seul mon regard compte. J'écoute les critiques qu'on me fait, surtout celles venant de personnes que je respecte mais finalement je ne tiens compte que des remarques correspondant exactement à ce que je sais être mes insuffisances, ignorant complètement les autres. Plus j'approche de la fin plus mon moral est bas. J'ai longtemps pensé que c'était parce que très peu de gens s'intéressaient à ce que je faisais. Ce n'est pas exact. La vérité est beaucoup plus simple. En arrivant au terme j'arrive au moment où mon regard sur mon travail n'a plus le moindre intérêt; bientôt seul comptera le regard des autres.
Vite, faisons autre chose, entreprenons une nouvelle série, ou partons en voyage. Opération de la cataracte fin de la semaine prochaine. Ça devrait me distraire...