jeudi 21 novembre 2013

jeudi 14 novembre 2013

Sentimentality/Sentimentalisme

"Je n'y connais rien en peinture", me dit mon client, un grand  gaillard de gendarme "...mais je suis un sentimental voyez vous et j'aimerais que vous fassiez un portrait de mon fidèle compagnon avant qu'il ne disparaisse". D'où le portrait ci dessous d'un Malinois de neuf ou dix ans, gris des babines, sans doute une ou deux dents cassées, des signes de cataracte, quelques  rhumatismes, très amaigri au niveau de la tête, des mâchoires surtout, parce qu'il ne pratique plus "le mordant" (c'est comme ça qu'on dit) autant qu'avant et que question mordant c'était un vrai champion, même qu'il a été médaillé et que la médaille finira sans doute sur l'encadrement. Bon portrait au demeurant, au genre duquel je ne suis guère habitué, que j'ai fait en m'amusant, sans même y penser. Les oreilles peut-être un peu grandes, m'a dit le propriétaire compagnon du héros vieillissant, " je connais mon chien tout de même" ou peut-être paraissent-elles maintenant plus grandes depuis que la mâchoire a perdu son muscle. (voir explications plus haut).
Le même sentimental gendarme courra derrière des clandestins à s'en faire péter le baudrier et lâchera même Malinou à leurs trousses, qu'il puisse utiliser son fameux mordant et récupérer quelques milimètres d'une mâchoire qu'il avait naguère si avantageuse. Une des différences qui comptent entre un artiste et un gendarme c'est sans doute la définition d'un mot comme "sentimental". Ou alors, si nous avons lui et moi la même définition nous ne l'avons pas en même temps; ni sur les mêmes sujets. Mais qu'est une sentimentalité à éclipse sinon du sentimentalisme?

Reste la question "esthétique" qui interdisait à Brassens de cocufier un gendarme et m'interdirait à moi de faire le portrait de son chien. Je n'y ai pas du tout été sensible. Je n'avais jamais peint de Malinois de ma vie, j'en ai peins un, qu'il appartienne à un pandore ou à un évêque  n'est d'aucune importance. Je commencerai à me fatiguer à partir du deuxième Malinois; pas du deuxième gendarme.

"I know zilch about art", my client tells me; a big bully of a policeman, "but I am a sentimental bloke you see and I'd like to have a portrait of my faithful companion before he passes away. Hence the portrait above of this nine or ten years old Malinois, grey haired jowls, one or two teeth broken, signs of cataract showing, some rheumatisms, very emaciated at jaws level for lack of biting practice, because the fellow was reknown for it's "mordant", a technical word that means biting and loving every minute of it. A real champion was our pal; even got a medal for it, which will probably end up on the frame of the painting. A fine portrait that is, of the kind I'm not exceedingly familiar with, which I painted joyfully, with a light brush, almost without thinking.
"You've made the ears too big!" the patrolman grumbled; I know my dog mind you! Or perhaps they just look too big, with his now so slender jaws. (Sigh...)

The same sentimental bloke will run heartless behind terrified boat people, letting his bemedaled better half tear through their rags to pin them down for good, galaxies away from even thinking of shedding a tear upon their fright and misery. Obviously there is sentimentality and sentimentality. My definition of the word is not similar to his. Not at the same time anyway; nor upon the same topics.

On an aesthetical point of view now one of our poets thought it pathetic taste to mix body fluids with a cop's wife. Does it apply to portraiting his dog? I didn't care one bit when I was asked. I had never painted Malinois in my life and I just felt like trying once. From the second Malinois onwards I'd get bored; not necessarily from the second cop.