Mon neveu préféré écrit des fables. Une histoire de lion qui raconte l'histoire d'une famille de perroquets qui s'enfuient d'où ils sont et bien sur l'un d'entre eux se perd dans une foret étrangère et finit, ce qui n'est point bête, par écrire son nom dans une clairière pour que les siens le retrouvent. Rien de bien grave puisque le jeune fol aura l'occasion de croiser les chemins de et de bavarder avec un sanglier et une vieille chouette.
Voici les trois premières illustrations de ce premier conte.
mercredi 20 février 2013
mercredi 6 février 2013
Répétitions
Il m’arrive de répéter des tableaux. Je parle de répéter,
pas de copier. La copie demande un soin minutieux apporté à la représentation
la plus exacte possible d’une œuvre et c’est un exercice en soi. Il permet au
peintre qui s’y livre d’accéder, par l’observation et par la pratique à la
technique du maître. Tous les grands peintres ont copié leurs idoles. Copier
est un passage, vraisemblablement obligatoire pour tout artiste désirant
acquérir son métier. Les plus brillants d’entre eux pourront devenir faussaires
et gagner ainsi beaucoup plus d’argent qu’un artiste ordinaire avec une
insécurité au moins aussi grande. Les autres, moins audacieux ou plus originaux
auront appris comment travailler.
Répéter un tableau consiste à reprendre un même sujet
(boutres du port de Moroni, médina de Mutsamudu, lessive à la rivière, etc.)
dans une composition identique ou presque. Répéter peut alors être ennuyeux ou
stimulant. Il est très rare, Dieu merci, que je passe du temps sur un tableau
qui m’ennuie ; parce que l’ennui se manifeste le plus souvent dès l’idée
du tableau, dès les premiers coups de fusain, et aussi parce que l’expérience a
mille fois démontré qu’un tableau fait sous ennui est lui-même désespérément
ennuyeux et donc à détruire. Beuark !
J’ai envie de répéter un tableau lorsque je pense pouvoir
faire mieux qu’auparavant, sinon, ce n’est pas la peine. Cette envie peut venir de moi ou elle peut
venir d’autrui. La commande est à cet égard un des tout meilleurs aiguillons.
-
Monsieur, j’adore ce que vous faites, (très bonne façon
de m’adresser la parole) et j’aime surtout vos scènes de vie… (on attend la
suite), celles qui sont en noir et blanc avec les personnages en couleur…
(encore un petit effort), les femmes à la rivière par exemple… (nous y voila).
On aimerait vous en commander un comme celui que vous ont acheté les Perrier,
vous voyez ?
Je ne me souviens ni du tableau ni des Perrier mais
j’imagine. Une forêt primaire avec herbes folles, fourrés et grands arbres, une
rivière se tordant au creux de son lit aux berges de cailloux. Pour peu qu’on
prenne des pistes partant dans l’intérieur des terres on voit partout à Mayotte
ce type de paysage, avec parfois la surprise charmante et inattendue, surtout
le dimanche et plus rarement qu’autrefois, de la découverte dans une flaque de
lumière et les miroitements aveuglants de l’eau et du feuillage d’une escouade
de matrones multicolores et jacassantes assises les fesses dans l’eau,
certaines les seins nus, entourées de leur piaillante marmaille. Ca rit, ça
lave, ça rince, ça s’interpelle, ça hausse le ton ou ça plaisante, ça
s’éclabousse en s’esclaffant, bref ça vit par tous les pores des peaux humides
et miroitantes.
-
C’est quelque chose comme ça qu’on aimerait emporter
comme souvenir de Mayotte, vous comprenez ?
-
Oui oui, bien sur.
Un peu que je comprends. Des femmes à la peau fraîche et aux
dents éclatantes, rieuses, colorées, plantureuses et maternantes ; on
aimerait tous en avoir à la maison et en ramener chez soi comme souvenir. Un
avant goût du paradis. Un arrière goût plutôt, puisque cela ne se reproduira
plus et je pense à ce texte de Romain Gary disant qu’avec la maternité « la vie vous fait à l’aube une promesse
qu’elle ne tient jamais. »
-
Je ne vous en promets pas une copie exacte.
Je me donne ainsi le droit de modifier le décor, les
personnages et leur disposition. Il ne me reste plus qu’à préciser qu’il ne
faut pas être pressé et je suis désormais tranquille.
Alors, copier ou pas copier ? Quand on n’est pas très
inspiré, quand on est un peu fatigué, quand on a des factures trop pressantes
et qu’on pense à l’argent que va rapporter à coup sur une vente conclue
d’avance on va naturellement au plus facile et on s’écarte alors très peu de ce
qui a déjà été fait. Moins d’efforts, moins de risques… Mais l’ennui surgit immanquablement,
gros frein qui fonctionne à fond. Paralysant, déprimant, nauséeux parfois même,
toujours très irritant mais finalement salvateur puisque ce qui est contraint
n’est pas bon, qu’au bout du compte ce n’est pas présentable, donc pas vendable
et qu’à elle seule cette raison suffit à nous remettre au travail en prenant
des risques, même des tout petits risques, mais de ces risques qui permettent,
en s’essayant à des nouveautés, de continuer à apprendre et de connaître ainsi sur
le métier un petit peu plus que ce qu’on en savait avant de commencer.
Je suis en métropole en ce moment. Un peu de froid, beaucoup
d’humidité, des gens pas très chauds eux non plus et tout le monde ENCORE
habillé de noir (il y a tout de même vingt ans qu’elle dure, cette mode à la
con) tout est lisse, terne et prévisible. Aucune de ces rugosités stimulantes
qui caractérisent les petits villages des tropiques. Mais il y a la famille
(réunion dimanche prochain), les ami(e)s et le dépaysement tranquille qu’apporte
un changement provisoire. Des vacances donc et pour l’instant tout va
bien.
PS un amical bonjour aux Sabatier
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