Mon cher
Laurent
Sauf à
ériger un mur tout autour de l’île (les israéliens seraient alors de bon conseil)
ou procéder à des frappes chirurgicales
sur les fabriques de barques en polyester et sur les plages d’embarquement, le
« problème de l’immigration clandestine » ne sera jamais résolu. Jamais
de chez jamais. Et ça il faut faire avec. Ma certitude est d’autant plus forte
que je l’ai entendu de la bouche même du directeur de cabinet de Chevènement,
alors ministre de l’intérieur de Jospin. Il y a près de vingt ans. Posez
aujourd’hui la même question au directeur de cabinet de Cazeneuve et vous aurez
la même réponse ; « Nous sommes parfaitement au courant du problème,
depuis l’indépendance des Comores tous les ministères de l’Intérieur sont
parfaitement au courant du problème et nous savons tous, et c’est une évidence,
que ce problème ne sera jamais réglé. Nous ne pouvons donc que le gérer. »
Gérer ;
pas régler. C’est ce que fait l’Etat depuis 1975 et c’est ce qu’il continuera à
faire jusqu’à ce que le problème disparaisse, et le problème de l’immigration
clandestine sera réglé lorsqu’il n’y aura plus d’immigration, ou lorsqu’elle ne
sera plus clandestine.
Autant faire
avec une bonne vision de la réalité, si dérangeante soit-elle et tâchons donc de
gérer ce qu’on a. Et pour répondre à ta question mon cher Laurent on sait qu’on
a à faire à une bonne gestion quand
personne ne souffre trop, voire même le moins possible et on a ça plus
facilement quand on a de bonnes relations avec le voisinage que lorsqu’on est à
couteaux tirés. On commence donc par rendre plus facile la circulation des
biens, des services et des personnes entre les quatre îles. Ca pour commencer et
on encourage un petit peu la création et l’existence d’entreprises fonctionnant
sur les quatre îles. Ca ne coûterait pas un sou. Je pense à ces compagnies d’aviation ou
d’assurances par exemple qui relient les quatre îles, naturellement pourrait-on
dire. On commence par ça et on voit si ça aide.
Faciliter
les déplacements de personnes c’est parler immigration. Il se passerait quoi si
le visa Balladur était supprimé ? Ils viendraient, seraient à la charge de
leur famille, n’aurait pas de boulot parce que du boulot y en a pas et presque
tous repartiraient lorsque leur famille en aura marre de les voir. Ceux-là ne
présentent aucun danger, aucune surcharge pour Mayotte. Dans toute la région
c’est de la mouvance familiale normale. Ceux qui sont dangereux sont ceux qui
sont « hors famille ». Et plus il y en a plus c’est dangereux. Il
nous faut donc 1- empêcher qu’ils viennent, 2-surveiller ceux qui sont là et 3-
et traiter chaque cas au coup par coup en espérant que ça se calme. Nul besoin
de visa pour obtenir ça ; un contrôle de police rigoureux suffit.
Simplifier.
Il faut que Mayotte simplifie ses liens avec les autres iles. Et pourquoi ne
pourrait-elle le faire ?Les directives européennes souvent s’y opposent.
Nos élus devront donc inlassablement plaider pour que des aménagements soient
consentis par Bruxelles, tant que Bruxelles durera. Obtenir quelques exceptions.
Comme par exemple pouvoir acheter dans les îles d’à côté les fruits et légumes
pas cher qu’on trouve en abondance dans
l’archipel. Pourquoi le petit commerce entre les quatre îles n’est-il pas
facilité ? Ca coûterait quoi à Mayotte de commercer d’avantage avec les
iles d’à côté ? On nous parlera
alors à nouveau de normes
européennes. Pourquoi alors Cameron obtient-il plein de dérogations aux règles
européennes et pas nous ?
Reste qu’il
va falloir partager et c’est partout pareil. Partager ou protéger.
Mayotte est
comorienne et le restera à jamais, Inch’Allah !
Mayotte est
française et le restera à jamais, kem’gwavenzé !
Amicalement mon
cher vieux journaliste