mardi 2 décembre 2008

épilogue au barrage. Photo d'Ibrahim


Monsieur Daoud Zitouni demande; "qu'est-ce qui est arrivé à l'agitateur mzungu après qu'il ait bloqué la rue comme un vulgaire instituteur mahorais?"
C'est une bonne question.
Il a été emmené au poste de police et là il a dit bonjour à tout le monde puisque tout le monde ou presque le connaissait pour l'avoir rencontré sur et en dehors des terrains de foot. Les policiers ont rédigé une main courrante, laquelle a du courir suffisamment loin pour ne pas être rattrappée. La plus embêtée de tous était la femme policier qui , sans doute la plus inquiète, surveillait les alentours et tirait la tronche quand elle a sali ses rangers en portant le malfaiteur. C'est ainsi.
D'autres questions se posent:

-Les instituteurs, entre autres mahorais, bloquent de temps à autre les rues, certes, mais est-il arrivé une fois qu'un Mahorais fasse un barrage à lui tout seul? L'a-t-on jamais vu?

- Un mahorais seul, dans ce genre de réclamation, aurait-il obtenu aussi rapidement tout ce qu'a obtenu ce mzungu, même "bien connu des services de police"?

-Enfin, et peut-être surtout, le niveau de ras le bol des mahorais et des wazungu est-il le même? Combien d'innondations supplémentaires aurait-il fallu au mahorais moyen de la rue Babou Salama pour qu'il s'allonge dans la boue?

Kamar et Ibrahim, mes autres voisins, ont pris la pelle pour bloquer la rue, et ont donc vu leurs noms portés sur la main courrante, mais ils ne se sont pas joints au "sit-in" d'Olivier. Ont-ils manqué d'audace? D'habitude individualiste? De confiance en eux? parce qu'après tout les wazungu partent et les mahorais restent. Victimes des mêmes insuffisances administratives Kamar et Ibrahim ont soutenu la révolte du mzungu mais se sont arrêtés à la "représentation publique" Pas question pour eux de se donner en spectacle, ce qu'Olivier, pourtant d'habitude fort discret n'a pas craint de faire. Avec sa pelle à la main, érigée comme un drapeau, il évoquait vaguement Jeanne d'Arc tombée de son cheval et souriante à son infortune. Dans quel imaginaire est-il allé puiser la forme de sa revendication? Et quel imaginaire a conduit les réactions de Kamar et d'Ibrahim?

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