La meilleure preuve que Mayotte est vraiment en voie de départementalisation est qu’on commence à y entendre les mêmes âneries qu’en métropole. La dernière en date est l’exigence émise par Act up de « la destitution immédiate de Mme Ramlati Ali par le PS », au prétexte que la candidate aurait tenu des propos « ouvertement homophobes » et donc « absolument intolérables » prout- prout, en disant que : » le mode de vie de la population mahoraise est à l’opposé des valeurs défendues par la proposition sur le mariage homosexuel. ». Un peu mon n’veu que c’est à l’opposé !
On ne m’aura jamais beaucoup vu ni entendu défendre ou même dire du bien d’un quelconque personnage politique, mais pour une fois j’affirme haut et fort que Ramlati Ali a raison, sans l’ombre du début d’un commencement de doute. Mayotte présente tellement de points de divergence d’avec le politiquement correct métropolitain, tellement de spécificités inaliénables et à jamais non modifiables que des ajustements à la Loi sont évidemment souvent nécessaires ; toutes les régions ultra périphériques vous le diront. Nous ne sommes pas à Paris ici mais à Mayotte ; et serions nous à Mwali, à Ndzuani ou à Ngazidja que la réponse à une proposition de mariage homosexuel serait sans équivoque la même partout, à savoir : « kari vendzé ! » *
L’Islam n’aime pas l’idée du mariage homo. Le catholicisme ne l’aime pas d’avantage. Toute la chrétienté d’ailleurs répugne à cette idée. Rien à espérer non plus des autres religions ; reste la République, égalitaire et surtout laïque. Ce qui signifie que les lois de la République ont précédence sur les lois religieuses, sur tout le territoire de la République, sans exception aucune. Et c’est ainsi qu’Act up nous rappelle que » Les lois votées à l’assemblée nationale doivent être appliquées dans tout le territoire de la même façon, sans exception. » Na !
Mayotte est musulmane certes mais les réticences qu’on y trouve à l’égard du mariage gay tiennent sans doute moins au fait religieux qu’au niveau de pratique religieuse que l’on trouve ici. Il y a par exemple plus, beaucoup plus d’hommes sortant d’une mosquée de village après la prière du vendredi qu’il n’y en a sortant de n’importe quelle église de province le dimanche matin. Moins visibles sur les parvis les femmes mahoraises sont tout aussi pratiquantes et dans la vie de tous les jours ce sont elles qui s’assurent que les enfants vont bien à l’école coranique. En outre Mayotte est une île, c'est-à-dire un gros village, comme les trois autres comores par ailleurs, ce qui signifie que ses réseaux sociaux ne seront jamais dilués dans l’anonymat d’une métropole ; là est la toute première spécificité de Mayotte.
Le mariage n’a pas été institué pour accompagner les relations amoureuses entre un homme et une femme ; l’affect qui relie un homme et une femme, toutes les religions s’en contrefichent. Ce qui compte, ce qui compte vraiment, ce sont les enfants, le soin qu’on leur apporte, la surveillance que l’on exerce, les règles qu’on leur impose. Le mariage est cet engagement, public donc solennel, sanctifié de surcroit par la bénédiction religieuse. Le mariage n’est pas fait pour les gens qui s’aiment mais pour la famille dont ils vont être à l’origine. Précepte d’autant plus important que la communauté sera petite et Mayotte est une petite communauté.
Le mariage gay peut se pratiquer à Paris ou à Bègles mais il ne peut être imposé à Mayotte et Ramlati Ali a parfaitement raison de parler de spécificité. C’est d’ailleurs, et ce n’est pas un hasard, la même spécificité dont se réclament les autres îles extra périphériques que sont Wallis, la Guadeloupe la Martinique etc…Refuser cette réalité, refuser ce qui constitue la base même d’une différence aussi constitutive c’est, au mieux prendre ses désirs pour des réalités, au pire vouloir les imposer obsessivement à autrui. (Ce qui me rappelle très exactement l’inadéquate départementalisation imposée contre toute logique et donc contre tout avenir…)
Les trépigniaiseries de Act up n’y changeront rien. Dire de Mme Ali qu’elle est « ouvertement homophobe » est une hystérie de défense car on peut fort bien être contre le mariage homo sans pour autant jeter de pierres aux homos qui passent. Il n’est que de venir aux comores pour se rendre compte que sur chacune des îles existe une très grande tolérance à l’égard de l’acte sexuel, qu’il soit hétéro ou homo et que le sexe y est largement toléré, même dans un endroit où tout le monde se connaît, à la condition expresse qu’il n’y ait ni prosélytisme ni coercition ni scandale. Nous sommes bien loin des bruyantes et affichées extravagances pratiquées dans les bars du Marais ou les saunas des grands boulevards.
Quant à affirmer que s’opposer au mariage homo c’est participer à la propagation du SIDA moi y en a rien comprendre mais ça me fournit le mot de la fin : malambe swafi !**
* Nous n’en voulons pas
** foutaises !
Billet paru dans Upanga du mois de juin
vendredi 15 juin 2012
mardi 5 juin 2012
Expo annuelle
Exposition au comité du tourisme à partir de vendredi prochain (vernissage à 18 h 30). Deux grands tableaux en couleur et le reste, du noir et blanc avec des touches de couleurs.
Je commence à en avoir un peu marre du noir et blanc avec des touches de couleur. Jamais content. Je rêve à nouveau de me vautrer dans la lumière et la couleur. Histoire à suivre. De toutes façons tout n'est jamais qu'histoire à suivre. Pour quelle foutue raison veux-je mettre une majuscule à Histoire???
A part ça tout va bien. L'Europe va bien, la France va bien, Mayotte va bien, que du bonheur. Moine, finalement peut-être qu'il n'y a que ça de vrai. T'es isolé, protégé, loin de tout, t'es entre potes, tu bosses sur ce qui te plait, tu n'abuses ni du chocolat ni du Martini, tu fais pas de mauvaise graisse, pas beaucoup de négatif quand on y réfléchit. Une vie en communauté, voila, je crois ce que j'aimerais. Debout à quatre heures, dessin ou peinture jusqu'à midi, repas en commun, sieste, travaux d'intérêt général pendant quelques heures, vaisselle, ménage, même nettoyer les chiottes, je crois que je m'en ficherais éperdument, petite promenade le soir à la vesprée, diner léger, ablutions, hop au lit et debout le lendemain à quatre heures pour travailler jusqu'à midi. Ad infinitum. Pendant ce temps là la crise éclate et recouvre le monde de son manteau de frayeurs et de ténèbres et force le bon peuple à marcher tête baissée, genoux fléchis, cervelles vides, entrailles hurlantes, et moi pendant ce temps là je bosse, je dors, je mange (frugalement, enfin...). Fantasme obsédant mais niais. Mon fils est là, qui ne comprends rien à mes élucubrations, qui voit que je souffre mais qui n'en peut mais, qui ne comprend rien en fait mais qui attend que je vive et il va donc falloir que je fasse un effort, non pas seulement pour travailler, ce qui est facile mais pour vivre, ce qui est beaucoup plus dur.
Donc j'en ai un peu marre du noir et blanc avec de la couleur, je ne sais plus quoi faire, je vais me saouler le soir du vernissage, Moustoifa me ramènera à la maison, je dormirai jusqu'à midi et on en saura peut-être d'avantage après.
Je commence à en avoir un peu marre du noir et blanc avec des touches de couleur. Jamais content. Je rêve à nouveau de me vautrer dans la lumière et la couleur. Histoire à suivre. De toutes façons tout n'est jamais qu'histoire à suivre. Pour quelle foutue raison veux-je mettre une majuscule à Histoire???
A part ça tout va bien. L'Europe va bien, la France va bien, Mayotte va bien, que du bonheur. Moine, finalement peut-être qu'il n'y a que ça de vrai. T'es isolé, protégé, loin de tout, t'es entre potes, tu bosses sur ce qui te plait, tu n'abuses ni du chocolat ni du Martini, tu fais pas de mauvaise graisse, pas beaucoup de négatif quand on y réfléchit. Une vie en communauté, voila, je crois ce que j'aimerais. Debout à quatre heures, dessin ou peinture jusqu'à midi, repas en commun, sieste, travaux d'intérêt général pendant quelques heures, vaisselle, ménage, même nettoyer les chiottes, je crois que je m'en ficherais éperdument, petite promenade le soir à la vesprée, diner léger, ablutions, hop au lit et debout le lendemain à quatre heures pour travailler jusqu'à midi. Ad infinitum. Pendant ce temps là la crise éclate et recouvre le monde de son manteau de frayeurs et de ténèbres et force le bon peuple à marcher tête baissée, genoux fléchis, cervelles vides, entrailles hurlantes, et moi pendant ce temps là je bosse, je dors, je mange (frugalement, enfin...). Fantasme obsédant mais niais. Mon fils est là, qui ne comprends rien à mes élucubrations, qui voit que je souffre mais qui n'en peut mais, qui ne comprend rien en fait mais qui attend que je vive et il va donc falloir que je fasse un effort, non pas seulement pour travailler, ce qui est facile mais pour vivre, ce qui est beaucoup plus dur.
Donc j'en ai un peu marre du noir et blanc avec de la couleur, je ne sais plus quoi faire, je vais me saouler le soir du vernissage, Moustoifa me ramènera à la maison, je dormirai jusqu'à midi et on en saura peut-être d'avantage après.
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