Si l’on considère que les Mahorais sont des comoriens, ce que je le fais très volontiers, la toute première conclusion de ces deux semaines et demi d’exposition c’est que j’aurai vu plus de comoriens devant mon travail en seize jours qu’en dix neuf ans à Mayotte. Plus d’intérêt, plus de curiosité, plus de questions posées et, ce qui est peut-être le plus significatif, plus de deuxièmes ou troisièmes visites, ces badauds qui viennent une première fois, et qui reviennent jeter un autre coup d’œil. Mes déplacements précédents en Grande Comore me l’avaient fait deviner ; aujourd’hui je confirme. J’ai pu rencontrer aussi d’autres artistes, écrivains, acteurs alors qu’à Mayotte ces gens là me sont étrangers. Un blanc a mis une option sur un tableau (le grain) et un Comorien en a acheté deux autres dont l’autoportrait, ce qui n’est pas banal ! D’une façon générale les visiteurs et visiteuses ont tous préféré mes travaux en noir et blanc avec touches de couleur, ce qui me fait plaisir et m’exaspère à la fois. J’ai une commande de deux grands formats ( 1,30 x 0, 80 ) pour une agence de transport aérien locale et ce sont des noirs et blancs plus couleurs. Trois panneaux de même format intéresseraient un grand hôtel arabe et sans alcool de la ville et ce sont à nouveau des noirs et blancs. Ca me fait plaisir qu’on aime ce que je produis de plus original mais ça me gonfle d’être obligé de produire ce qu’aiment les gens. Tout plaisir obligatoire devient une corvée. Ne nous plaignons cependant pas trop ; un plaisir obligatoire reste plus agréable qu’une corvée obligatoire et j’ai la chance d’expérimenter de temps à autre. L’angoisse est toujours au départ de l’expérimentation et si cette dernière débouche sur un échec on se dira, avec plus ou moins de colère qu’on avait bien raison de douter. Ce qui n’empêchera pas l’expérimentation suivante. La vraie récompense c’est lorsque l’expérience a débouché sur une création nouvelle, harmonieuse et suscitant la fierté de l’apprenti créateur. Même si cela n’arrive que quelques fois par an l’angoisse est alors reléguée au rang d’ingrédient qu’on ne mangerait pas seul mais dont le plat qu’on a confectionné ne peut se passer. Six et peut-être huit tableaux à faire pour la scène de Moroni. Les Mahorais m’ont-ils jamais demandé la même chose ?
La première conclusion c’est que les Mahorais sont des bourrins. Conclusion un peu hâtive, je le concède mais conclusion tout de même. Il existe plein d’explications historiques et culturelles qui nous proposent d’autres conclusions. Sans doute mais à ce stade de ma réflexion et pour aujourd’hui ma première conclusion me convient. Nous nuancerons plus tard. Inch’Allah.
dimanche 2 décembre 2012
Expo Moroni; premier bilan
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1 commentaire:
Les mahorais sont des Comoriens géographiques. Français administratifs, ils courent derrière le train du consumérisme national. Quand ils seront rassasiés, ils viendront peut être vers ton travail...
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