vendredi 15 avril 2011
La crise, suite...
- En ce moment les gens n'achètent pas de tableaux, dit l'artiste au bourgeois.
- Ah! Mais c'est la crise! répond le bourgeois.
- Ils ne passent même pas jeter un coup d'œil à l'atelier, s'agace l'artiste.
- Ah! Mais puisqu'on vous dit que c'est la crise!! s'impatiente le bourgeois.
Balivernes! D'abord parce que ceux qui achètent habituellement des tableaux ne souffrent pas de la crise. Ensuite parce que pendant la crise les retraites, les salaires et les primes continuent à tomber, ce qui n'arrive pas pendant les vraies crises, que pendant les vacances scolaires les avions sont pleins, sans que les tarifs aient baissé le moins du monde et qu'un aller-retour au Kenya pour quatre personnes, safari compris ça vous coûte 10 000 Euros au bas mot, ce qui représente beaucoup de mes tableaux, lesquels ne sont pas chers, que l'on se rue dans ce nouveau restaurant chinois, " très bien mais pas donné!", bref, j'ai l'impression que ceux qui parlent le plus de la crise sont ceux qui en souffrent le moins. Lorsque le pauvre bougre souffre de la crise il se passe de manger; lorsque le riche souffre de la crise ils se passe de personnel. Le pauvre rogne sur l'important, voire l'essentiel, le riche rogne sur les salaires ou ses "ressources humaines". La crise est ainsi devenue une justification commode et passe partout pour que ceux qui ont le plus demandent un peu plus encore à ceux qui ont le moins. Vieille histoire.
La crise rend possibles des comportements qui étaient jusqu'alors plus retenus; le fort va devenir plus dur avec le faible. Il ne va pas demander de ristourne à Carrefour, à EdF ou à son avocat mais il va être intraitable avec l'artisan, l'ouvrier, le manœuvre. Et avec l'artiste aussi, ce qui est regrettable. "Ah! Mais c'est la crise! Tout le monde doit faire des sacrifices!"
Ce que je crois c'est que la crise ne réduit pas tant que ça le niveau des dépenses mais qu'elle en modifie la distribution. Loin de freiner ce qui de toute évidence fragilise notre système occidentalo-libéral la crise semble au contraire accentuer la doxa générale, à savoir "consommer, s'amuser, rester jeune". Le beau, le durable, l'original n'ont pas la moindre chance face au vulgaire au banal à l'éphémère. Rien de bon, rien de salvateur ne sortira donc de cette crise qui s'apparente plus à un symptôme, au sens médical du terme. Le bon peuple veut se perdre; pas de problème, il se perdra. Et la démocratie finalement n'aura vécu que le temps de l'aisance.
Et mes tableaux dans tout ça?
Histoire à suivre...
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1 commentaire:
Yves Montand avait animé une éphémère émission de télévision "Vive La crise" dans les années 80.L'idée générale était "La crise, mais quelle crise ?" Peut etre devrais tu offrir aux chalands une K7 vidéo de ce programme.
Le tableau des canards est moderne comme l'étaient les tableaux noir et blanc avec une touche de couleurs. la lumière est traitée à la HDR (high dynamic range).
<bon courage pour la fin des tableaux
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