lundi 3 octobre 2011
Revendications
Revendications
Les ailes de poulet sont trop chères et la portion de Brie aussi. Pour les ailes de poulet je veux bien mais la revendication sur le Brie me laisse songeur. Quatre vingt dix pour cent des Mahorais pourraient passer leur vie entière sans manger un morceau de Brie et ne s’en porteraient pas plus mal. Ni ne s’en plaindraient. Mais, et bien plus que les ailes de poulet, le Brie est un symbole de francitude. Plus français que le Brie on a le Camembert et plus français que le Camembert tu meurs. Si on ne mange pas de Brie au moins une fois par semaine c’est qu’on n’est pas français ou que l’on est très pauvre ; deux stigmates dont les Maorais ne veulent pas entendre parler. Bien sur pour être totalement français il leur faudra aussi se plaindre un jour du prix du vin de table mais nous n’en sommes pas encore là. C’est donc non seulement de vie chère dont on parle mais bien de citoyenneté. « Français à part entière » veut nécessairement dire avoir accès à tout ce dont disposent les vrais Français à part entière, ceux de la métropole. Dans le cas contraire on a affaire à de la discrimination. Les Mahorais ne sont pas au bout de leur peine parce que s’il n’y avait que le Brie ! Il n’y a pas non plus encore de taxes foncières ni d’impôts locaux ! C’est pas de la discrimination ça ?
Pendant ce temps là en métropole et sans que quiconque puisse en prévoir la fin, les protections sociales tombent une à une, les salaires baissent inexorablement, l’outil de travail devient de plus en plus désuet, quand il ne fiche pas le camp vers des pays moins regardant en même temps qu’énergie et matières premières se raréfient et deviennent très chères. Nos enseignants se mettent alors en grève, public et privé réunis ce qui est une petite nouveauté ; grève qui ne modère en aucune manière les plans d’austérité prévus ou déjà mis en œuvre. Il y eut grève, puis Châtel sortit de chez le coiffeur, brossa une poussière sur son veston et confirma la suppression à venir de 14 000 autres postes, puis la grève cessa, puis tout le monde reprit le travail et un courageux décret fut pris dans les mêmes moments pour limiter la consommation de frites et de ketchup dans les cantines scolaires. Les Français de métropole râlèrent un peu, se plaignirent beaucoup, doutèrent de tout, profitèrent d’un inhabituellement beau et chaud mois de septembre, et s’apprêtèrent à choisir leur président, juste avant les prochaines vacances d’été, entre un libéral de droite et un(e) libéra(le) de gauche. Pas très pugnaces les métros. Rien à voir avec Mayotte.
C’est qu’en métropole on craint de perdre ce qu’on a tandis qu’à Mayotte on craint de ne pas avoir ce qu’on doit. Les deux populations ne sont pas près de s’entendre. Inévitablement il se trouvera un jour un haut fonctionnaire de passage qui suggérera aux Mahorais de faire preuve de civisme et d’accepter de faire des sacrifices pour participer à l’effort commun de redressement national blablabla etc. J’imagine mal les Mahorais convaincus par ce genre d’argument. J’imagine mal les Mahorais acceptant de payer les dettes contractées par nos banquiers et nos financiers ainsi que les métros l’acceptent en France. Entre la finance puissante et ruineuse et le peuple victime et impuissant nos dirigeants de droite et de gauche ont indiscutablement choisi de faire payer le peuple. Entre Mr Sarkozy et Mme Aubry, tout comme par le passé entre Mr Chirac et Mr Delors il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille d’impôt. Nous avons une dette nous devons payer, voila grosso modo l’état d’esprit résigné des métros. Le principe de responsabilité est assurément très noble et joue à plein mais la sacralisation de l’argent est telle que le puissant qui possède la richesse mérite, naturellement, qu’on lui obéisse, même s’il vient de vous ruiner ou s’il s’apprête à le faire. De Gaulle avait raison ; les Français sont des veaux.
Les Mahorais sont français ; les Français sont des veaux ; donc les Mahorais sont des veaux.
C’est vrai ça ?
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1 commentaire:
Ouais triste et morose avenir. Je ne sais pas si les français sont des veaux... On en prend tellement sur la tête qu'il devient difficile de se relever. Et quand on se relève, on prend un coup encore plus fort que le précédent, qui nous enfonce encore plus. Non, je crois que les gens sont surtout déprimés. Je rejoins aussi l'idée qu'on a peur de perdre le peu que l'on possède déjà. Mais quitte à tout perdre, autant tenter le tout pour le tout.
Sinon, ce tableau (non, on n'est pas des fétichistes des pieds et des mains) est magnifique ! Peut-on le voir en métropole ? Je suis qu'il complèterait très bien notre collection... de pieds et de mains :)
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