Je n'arrive pas à imaginer que 2016, non plus que les suivantes puissent être meilleures que l'année qui vient de s'écouler. Je n'imagine pas que le sort de l'humanité puisse s'améliorer dans un avenir immédiat ou à moyen terme. Je souhaite ardemment cependant à ceux qui me sont chers et à leurs proches que leur soient épargnés ce que Yourcenar appelait "les maux véritables", à savoir la mort, la maladie incurable, l'amour non partagé, l'amitié trahie et d'une façon générale la médiocrité d'une existence moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes.
samedi 26 décembre 2015
samedi 19 septembre 2015
Post coïtum tristesse
Post coïtum tristesse
Les verres et les assiettes sont sales et vides, les lumières se sont éteintes sur les cimaises, le couloir de l’alliance est silencieux et désert et les derniers invités attendent dans la pénombre que passent les derniers taxis. Je suis vidé. Dépression post évènementielle bien sur mais surtout la compréhension de ce qu'est vraiment la situation comorienne, facile à exprimer et impossible à résoudre. Le sens de l'Etat et le potentiel de développement qui va avec n'apparaîtront que lorsque les habitants des Comores seront fiers d'être Comoriens; ce qui présuppose que les quatre îles soient réunies.
L'union ne pouvant se faire que sous trois impulsions; une longue administration centrale; on en est loin. Des intérêts économiques communs; je n'en vois pas. Un ennemi commun.
Le Mzungu fera un jour parfaitement l'affaire.
Les verres et les assiettes sont sales et vides, les lumières se sont éteintes sur les cimaises, le couloir de l’alliance est silencieux et désert et les derniers invités attendent dans la pénombre que passent les derniers taxis. Je suis vidé. Dépression post évènementielle bien sur mais surtout la compréhension de ce qu'est vraiment la situation comorienne, facile à exprimer et impossible à résoudre. Le sens de l'Etat et le potentiel de développement qui va avec n'apparaîtront que lorsque les habitants des Comores seront fiers d'être Comoriens; ce qui présuppose que les quatre îles soient réunies.
L'union ne pouvant se faire que sous trois impulsions; une longue administration centrale; on en est loin. Des intérêts économiques communs; je n'en vois pas. Un ennemi commun.
Le Mzungu fera un jour parfaitement l'affaire.
vendredi 18 septembre 2015
dimanche 13 septembre 2015
L’art ; pour quoi faire ? première partie
L’art ; pour quoi faire ?
première partie
12 septembre 2015
Questions en vrac pour commencer.
Comment
développer le goût de l’art aux Comores ? Comment développer le goût du
dessin et de la peinture ? Faut-il plus de commandes ou plus de
subventions ? Faut-il s’adresser aux élites ou à la multitude ? On
dit qu’on ne trouve pas de goût pour la peinture aux Comores, mais n’y a-t-il
aucun goût ou n’y a-t-il rien qui plaise ? Faut-il plaire au plus grand
nombre et ne rien vendre puisque le plus grand nombre est fauché ou faut-il
plaire à ceux qui peuvent acheter ? Pourquoi ce qui plait au plus grand
nombre ne plairait-il pas à l’élite ? Quelle élite ? L’élite
intellectuelle ou l’élite de l’argent ? Pourquoi, mais pourquoi diable
vouloir développer l’art dans n’importe quelle région du monde ?
L’Islam
est-il un frein à la peinture ou au dessin ?
Un essai de réponse pour continuer.
L’art
pictural a pu se développer en Europe et ailleurs (je pense à la Chine, au
Japon ou à l’Inde) parce qu’il y avait une demande pour des produits bien
faits. Un objet d’art, à l’origine, c’est d’abord un travail bien fait.
L’artisan précède l’artiste. Vu le temps nécessaire et la qualité des matériaux
mis en œuvre pour la réalisation d’un bel objet celui-ci sera nécessairement cher,
voire très cher et ne pourra donc être acheté que par un client riche, voire
très riche. L’art est donc élitiste ; en amont puisqu’il exige un niveau
exceptionnel d’exigence et de détermination de la part de l’artisan, et en aval
puisqu’il suppose de la part de l’acheteur un niveau exceptionnel de revenus.
Outre les gens fortunés, clients naturels sur tous les continents, l’Eglise
chrétienne et ses immenses besoins en illustrations ont été un moteur puissant
de la création imagière tandis que les
commandes permettaient à un vivier de dessinateurs de vivre et prospérer
tout en maintenant un niveau élevé dans l’exécution.
Point
d’Eglise aux Comores pour passer commande. Un petit mot puisqu’on est sur le
sujet pour dire comment je vois le rôle de l’Islam. A ma connaissance l’Islam
n’interdit pas la représentation humaine. Il interdit la représentation divine,
ce qui n’est pas incongru. Dieu étant en effet impossible à appréhender
interdire de Le représenter va quasiment de soi et évite une bonne fois pour toutes
les dérives. L’interdiction de représenter le prophète et la répugnance qu’ont
certaines ramifications de l’Islam à accepter la représentation des héros et
héroïnes de son histoire procède directement du refus de l’idolâtrie, une
réticence que nos protestants peuvent très bien comprendre. En outre, et même
chez les Saoudiens personne n’interdit qu’on représente les hommes ou les
femmes, sous forme de photos, d’affiches ou de films. Ce n’est donc pas tant
d’une image humaine que l’on se méfie mais d’une image faite à la main. Et sans doute aussi d’une image faite pour durer,
taillée dans le bois, la pierre ou peinte pour des siècles. Ma conviction c’est
que l’Islam va limiter l’image mais, et sauf dans les cas les plus extrêmes
d’intolérance, aussi rares ici qu’ailleurs, il ne va pas interdire aux
dessinateurs, aux peintres et aux sculpteurs de créer leurs figures. A la
condition qu’elles ne se prêtent pas à l’idolâtrie.
Restent
donc les riches de la société comorienne, auxquels il faut donner le goût d’acheter
des tableaux.
Evacuons
tout de suite le problème posé par la pauvreté de la société comorienne. Sans
doute mille euros représentent une somme considérable pour le comorien lambda,
heureux qu’il est bien souvent s’il gagne cent euros par mois. Mais il existe
une frange de la population qui n’hésitera pas à dépenser mille euros dans le
dernier cri de Apple, et qui n’hésitera pas non plus à sortir un autre millier
d’euros lorsque deux ans plus tard Apple poussera un autre dernier cri. Même
chose bien évidemment avec les voitures neuves et cossues qu’on trouve encore
assez souvent dans les rues défoncées des Comores. Même chose avec les
fringues, avec les maisons… Et même chose avec les grands mariages, énormes,
dispendieux, rituels, dont l’immense extravagance n’aura pour seul but que
d’assurer au prodigue sa place dans la société. Plus grande et plus
ostentatoire sera la munificence plus on écoutera le matamore dans les
assemblées locales. S’il n’est pas bien né on ne l’entendra guère mais au moins
il sera écouté. Plus vantard que ça tu meurs. Et c’est très exactement ce qui
arrive à la société de Grande Comore où des sommes colossales sont volatilisées
pour la seule construction d’ un prestige fugace et transformées ensuite en
paroles, air chaud dont les Comores
n’ont pas plus besoin que la Suisse n’a besoin de montagnes.
Pour
autant que je puisse en juger la vantardise est indiscutablement un élément
culturel comorien. Et cette vantardise ne disparaitra pas puisque chacune des
quatre Comores a la taille d’un village, que tout le monde connait tout le
monde et que le regard des autres est un élément dont il faudra toujours tenir
compte. Le rang dans la société, ce que les Anglais appellent « pecking order » est et sera
toujours plus essentiel et plus visible qu’il ne l’est dans une métropole
anonyme simplement parce que la taille des îles ne changera jamais. Cette
vantardise dont on ne pourra jamais faire fi, comment peut-elle être mise au
profit du plus grand nombre ?
« Facile » dit-il
! Il faut que les mentalités changent !
Et
on s’y prend comment ? On prend des mesures ou on attend que le changement
souhaité se produise ? Si l’on veut brutalement changer la culture c’est
perdu d’avance. Les pires dictatures s’essaient toujours à changer la culture
où elles exercent leur tyrannie et elles échouent toujours. Mais changer une
tradition est beaucoup plus faisable. La question, en ce qui concerne les
Comores est donc : « le grand mariage est-il une tradition ou est-ce
un élément de culture fondamental ? »
Faire
disparaitre le grand mariage est utopique. Et aussi dangereux comme le prouve
l’assassinat de l’ancien président Ali Soilihi qui avait voulu imposer au grand
mariage des restrictions beaucoup trop considérables. Sans doute avait-il aussi
voulu imposer d’autres mesures révolutionnaires mais le grand mariage a été la
mesure de trop. Modifier la distribution de la dépense devrait être un objectif
plus accessible. Certains y pensent. Comme ces villages qui imposent au futur
marié de verser à la communauté un pourcentage des sommes engagées pour épater la
galerie, lequel pourcentage sera alors utilisé pour construire un bien commun.
L’idée est excellente, on en conviendra et on peut la reformuler en disant que si vous voulez étonner la communauté dans
laquelle vous vivez pourquoi ne pas investir dans la communauté dans laquelle
vous vivez ? Plus vous investirez plus on dira du bien de vous !
La vantardise y trouvera ainsi son compte, tout comme le bien commun. Pourvu
qu’elles profitent au public on pourra alors engager toutes les sommes que l’on
veut, jusques et y compris, et pour revenir à un sujet qui nous préoccupe, dans
les œuvres exécutées par des artisans soigneux, soucieux de la qualité et de la
durabilité des objets qu’ils produisent. On aura ainsi, en une génération, des bons tailleurs de pierre, d’excellents
charpentiers, des dessinateurs renommés et plein d’autres excellents
travailleurs dans toutes les matières, bref on aura des maîtres.
jeudi 10 septembre 2015
Jour 7 et 8
Raout
mondain cet après-midi, organisé par l’Agence Française de Développement, sur
le thème de l’eau, une très bonne question aux Comores. Vu de mon petit point
de vue d’étranger de passage le manque d’eau est LE truc qui fait chier. Je
peux me passer d’électricité plusieurs jours de suite, et d’internet également,
bien qu’au début ça agace un peu, mais deux jours sans flotte je trouve ça
stressant. Et encore ne sommes-nous pas dans la saison chaude. Aux Comores la
situation est telle qu’il y a des gens qui ne se lavent pas, ni ne peuvent
laver leurs vêtements. C’est pourtant pas difficile d’avoir de l’eau ;
soit on ne la paye pas très cher et on va la prendre soi-même à la borne fontaine, trois à quatre
jerrycans de vingt litres dans une brouette, qu’on possède parfois, qu’on loue
le plus souvent, après avoir fait une queue de, disons deux à trois heures. A
peu près le même temps qu’il aura fallu pour aller chercher son pétrole lampant.
Ou bien on achète le contenu d’un camion-citerne, ce qui suppose qu’on a de
quoi stocker les mètres cubes livrés et on est tranquille pour un petit moment.
Situation intolérable donc et qui, ne pouvant être tolérée, fut l’objet des petits soins de l’AFD, d’où notre raout
mondain, avec expo photos prises par Arthus Bertrand, le top, et conférence
animée par un ou plusieurs professeurs d’université et à laquelle assistaient
l’ambassadeur, un ou deux ministres, un gros bonnet de l’ONU, vu sa voiture ça
devait être quelqu’un, une poignée de conseillers et de conseillères, les
femmes et épouses de tous ces gens, à l’heure pour la plupart, bref que du beau
monde n’ayant pas de problème d’eau réuni pour plancher sur le problème de
l’eau, une fois de plus, un après-midi
sous les tropiques. Avec une question centrale : « il pleut beaucoup
aux Comores et là, maintenant, nous manquons d’eau ! Comment est-ce
possible ? » Très bonne question encore une fois ; j’en saurai
sans doute plus demain sur les réponses fournies mais je suis prèt à parier
qu’il n’y aura pas davantage d’eau disponible l’année prochaine que cette
année.
Et pendant
ce temps là moi je dessinais ; voir photos ci-jointes. Et constatai que,
toutes origines ethniques confondues, le niveau d’intérêt pour la peinture,
pour la mienne en tout cas était inversement proportionnel au rang social. Ou,
en des termes plus vulgaires, que les ploucs et autres gens simples s’arrêtent plus
facilement, voire s’agglutinent devant mes quatre tableaux, sourire et
commentaires aux lèvres tandis que les cravatés et bijoutées ne sourient guère,
et passent, sourcils froncés, écrasés par le fardeau que leur confère leur
charge d’humanitaire sous les tropiques. Il n’y a pas qu’ici ; en
métropole c’est pareil. Plus tu as fait d’études moins tu fais confiance à ta
sensibilité ce qui fait que nos intellos ne jurent plus que par Télérama. C’est
comme ça.
Avec
quelques brillantes exceptions cependant, toutes les deux féminines etoutes
deux comoriennes ! l’une d’elle voulant apprendre ma manière de faire. Je
lui ai donné rendez-vous lundi matin prochain.
lundi 7 septembre 2015
jour 6
jour 6
lundi 7 septembre 2015
J’arrive
au bout de la première étape ; encore deux jours et je passerai aux petits
détails. Vendredi et samedi j’affinerai les lumières et je commencerai sans
doute à placer des indications de couleur. Jamais je n’aurai été aussi content
d’avoir fait des brouillons.
Observation
d’hier lourdement confirmée. En fin d’après-midi il y a eu une quinzaine
d’hommes, de dix à soixante ans, qui se sont arrêtés pour regarder les tableaux
et me regarder travailler. Tous souriants, goguenards, échangeant entre eux des
plaisanteries et des commentaires. Les femmes passent, vaguement dédaigneuses,
les yeux le plus souvent rivés sur l’écran de leur portable. Devant autant
d’hommes on comprend qu’elles ne veuillent pas s’arrêter ; mais lorsqu’il
n’y a personne ??!! On peut aussi poser la question autrement ; mon
travail plairait aux hommes et ne plairait pas aux femmes ? C’est possible
ça ? J’ai bien l’impression que oui. Quelqu’un pourrait-il
m’éclairer ?
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