Raout
mondain cet après-midi, organisé par l’Agence Française de Développement, sur
le thème de l’eau, une très bonne question aux Comores. Vu de mon petit point
de vue d’étranger de passage le manque d’eau est LE truc qui fait chier. Je
peux me passer d’électricité plusieurs jours de suite, et d’internet également,
bien qu’au début ça agace un peu, mais deux jours sans flotte je trouve ça
stressant. Et encore ne sommes-nous pas dans la saison chaude. Aux Comores la
situation est telle qu’il y a des gens qui ne se lavent pas, ni ne peuvent
laver leurs vêtements. C’est pourtant pas difficile d’avoir de l’eau ;
soit on ne la paye pas très cher et on va la prendre soi-même à la borne fontaine, trois à quatre
jerrycans de vingt litres dans une brouette, qu’on possède parfois, qu’on loue
le plus souvent, après avoir fait une queue de, disons deux à trois heures. A
peu près le même temps qu’il aura fallu pour aller chercher son pétrole lampant.
Ou bien on achète le contenu d’un camion-citerne, ce qui suppose qu’on a de
quoi stocker les mètres cubes livrés et on est tranquille pour un petit moment.
Situation intolérable donc et qui, ne pouvant être tolérée, fut l’objet des petits soins de l’AFD, d’où notre raout
mondain, avec expo photos prises par Arthus Bertrand, le top, et conférence
animée par un ou plusieurs professeurs d’université et à laquelle assistaient
l’ambassadeur, un ou deux ministres, un gros bonnet de l’ONU, vu sa voiture ça
devait être quelqu’un, une poignée de conseillers et de conseillères, les
femmes et épouses de tous ces gens, à l’heure pour la plupart, bref que du beau
monde n’ayant pas de problème d’eau réuni pour plancher sur le problème de
l’eau, une fois de plus, un après-midi
sous les tropiques. Avec une question centrale : « il pleut beaucoup
aux Comores et là, maintenant, nous manquons d’eau ! Comment est-ce
possible ? » Très bonne question encore une fois ; j’en saurai
sans doute plus demain sur les réponses fournies mais je suis prèt à parier
qu’il n’y aura pas davantage d’eau disponible l’année prochaine que cette
année.
Et pendant
ce temps là moi je dessinais ; voir photos ci-jointes. Et constatai que,
toutes origines ethniques confondues, le niveau d’intérêt pour la peinture,
pour la mienne en tout cas était inversement proportionnel au rang social. Ou,
en des termes plus vulgaires, que les ploucs et autres gens simples s’arrêtent plus
facilement, voire s’agglutinent devant mes quatre tableaux, sourire et
commentaires aux lèvres tandis que les cravatés et bijoutées ne sourient guère,
et passent, sourcils froncés, écrasés par le fardeau que leur confère leur
charge d’humanitaire sous les tropiques. Il n’y a pas qu’ici ; en
métropole c’est pareil. Plus tu as fait d’études moins tu fais confiance à ta
sensibilité ce qui fait que nos intellos ne jurent plus que par Télérama. C’est
comme ça.
Avec
quelques brillantes exceptions cependant, toutes les deux féminines etoutes
deux comoriennes ! l’une d’elle voulant apprendre ma manière de faire. Je
lui ai donné rendez-vous lundi matin prochain.
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