lundi 23 mars 2009
Dernier baroud pour que Mayotte ne soit pas département
Scrutin dans une semaine. Dernier baroud; en quatre parties; une par jour. Et à la grâce de Dieu...
Partie I Introduction
Il n’est pas un parent respectable qui ne souhaite pour ses enfants un avenir meilleur que celui vécu par les générations précédentes, c'est-à-dire une vie prospère et sécurisée. Lorsqu’on leur a demandé de choisir entre l’indépendance et le maintien dans la République les parents mahorais des années 70 se sont comportés comme tous les parents du monde; ils ont évalué ce qui leur semblait le plus prometteur, et à choisir entre le mzungu puissant, dominateur et riche et le cousin bavard, dominateur et fauché ils n’ont pas hésité. L’avenir de leurs enfants passerait par la France. Elle seule pouvait garantir les équipements collectifs, la stabilité sociale, la santé, et surtout l’éducation sans laquelle il n’est pas possible d’abandonner définitivement la précarité et sa sœur la servitude. Le choix fait par les anciens et surtout les anciennes de Mayotte était parfaitement justifié, raisonnable et légitime et il n’est assurément pas question, et à aucun moment, de le remettre en cause.
Mais la question qui va être posée aux habitants de Mayotte dimanche prochain n’est pas la même que celle qui fut posée en 1974 ; elle implique donc une réponse ou à tout le moins une réflexion différente et ceci pour deux raisons aussi fondamentales l’une que l’autre.
En 1974 la France était la quatrième puissance de la planète ; aujourd’hui elle est la septième ; demain elle sera la neuvième puis la dixième puis la onzième et ainsi de suite ; dans un bref avenir elle ira, avec ses soixante petits millions d’habitants, grossir la masse informe des anonymes puissances dites « moyennes « , chose inconcevable par nos parents. C’est d’ailleurs tout l’Occident qui glisse de son piédestal de leader. La grande crise aidant, les nouveaux équilibres économiques et donc stratégiques sont en train de se réorganiser autour de puissances autrefois « émergentes ». En abandonnant l’Irak, en parlant à nouveau avec l’Iran, en avouant ne pas gagner la guerre en Afghanistan ni d’être en mesure d’y parvenir, les Etats-Unis de Barak Obama admettent que l’idée de l’Empire américain a pris fin, que l’Amérique ne dominera ni ne policiera le monde et se contentera d’être une grande puissance parmi d’autres grandes puissances, à égalité peut-être, à couteaux tirés surement avec la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie ou l’Indonésie. Le déclin de la France et de toutes les nations européennes est donc inévitable, tout comme seront inévitables le recentrage des populations européennes sur le « territoire national » et la montée des radicalismes.
Dans ce monde nouveau quelle sera la meilleure place pour Mayotte ? Et comment y accéder ?
La deuxième grosse différence d’avec le référendum de 1974 c’est que la question alors posée était beaucoup plus dramatique que celle du 29 mars. En effet on demandait alors aux parents mahorais de choisir entre être français ou ne pas l’être. Si tu votes oui tu es français, si tu votes non tu ne l’es plus. Il s’agissait d’un dilemme, ce que le référendum du 29 mars n’est pas. Aujourd’hui les Mahorais n’ont pas le couteau sous la gorge, et quelle que soit leur réponse ils passeront d’un accommodement avec l’Etat à un autre accommodement avec le même Etat, pas d’une citoyenneté à une autre. Dire NON au département n’est pas quitter la République mais dialoguer avec elle. Bien sur personne ne sera surpris si le OUI l’emporte mais le NON est prévu comme une possibilité par la République elle-même puisque la question est posée.
La conclusion qu’imposent ces différences fondamentales d’avec 1974 c’est que dire OUI au département n’est pas une obligation de survie, que ce n’est donc pas la seule réponse possible, qu’il existe une autre hypothèse de travail, une autre façon d’imaginer l’avenir de Mayotte, qui n’était pas envisageable du temps de nos parents et que ce n’est pas manquer de respect à l’égard des anciens mais bien au contraire les traiter avec tout le respect qui leur est dû que de chercher, aujourd’hui comme hier quelle réponse est porteuse des meilleurs espoirs pour les générations qui arrivent.
Quelle soit en faveur du OUI ou quelle soit en faveur du NON, l’argumentation peut être circonscrite à trois grands chapitres, lesquels correspondent aux trois principes fondateurs de la Nation française post révolutionnaire, à savoir Liberté, Egalité, Fraternité. Les Mahorais, les Mahoraises surtout, ne s’y sont pas trompés, qui ont pris le premier de nos grands principes, Liberté, comme justification nécessaire et totalement suffisante à la sécession de Mayotte. « Nous voulons être français pour être libres ». C’est donc par la Liberté que nous terminerons, lui donnant le mot de la fin.
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2 commentaires:
Splendide intro; vivement demain
Certainement le meilleur partisan du "non" avec des arguments qui se tiennent. La victoire du "oui" n'en sera que plus belle avec un tel adversaire car à vaincre sans péril on triomphe sans gloire.
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