lundi 31 janvier 2011

Complètement barge


Il y a longtemps que je n'avais pas fait de barge. Les tableaux avec la barge c'est comme les scènes de marché; si j'en peins cinquante j'en vendrai cinquante. Trop ennuyeux.
Ça fait encore plus longtemps que je n'ai pas touché à un coucher de soleil. La plage, le soleil, je t'aime à mourriiiiir. Trop ennuyeux là aussi.
Et puis voilà, on change tout de même; j'ai eu plaisir à peindre l'îlot de sable blanc et j'ai eu plaisir à peindre ce coucher de soleil. C'est comme ça.

vendredi 28 janvier 2011

léthargie




Pas envie de faire un grand laïus aujourd'hui; l'heure est au doute, au repli sur soi, à l'attente de l'éclaircie, qui est déjà venue, mille fois, après s'être mille fois fait attendre, pourquoi serait-ce différent aujourd'hui? Travail au ralenti, petites recherches dans de petits domaines; petits tableaux et longues marches, histoire d'aérer tout ça.

lu récemment cette remarque fort pertinente: "En art, comme en amour, on est souvent stupéfait par l'étrange goût des autres." Ça c'est bien vrai.

mercredi 19 janvier 2011

Poissons rouges et poissons bleus



-De quelle couleur sont les petits pois?
- Ils sont verts répond l'ingénu.
- Pas du tout! Les petits pois sont rouges!

Ca, c'est le genre de blague qui nous rajeunit. Y a des jours comme ça.

vendredi 14 janvier 2011

Vilenie

Vilenie: "action ou parole basse et vile." C'est tout à fait ça.

Quatre vingt dix neuf pour cent des commentaires qui sont écrits à la suite de mes articles sont des petits mots sympas qui me félicitent si j'ai bien travaillé, qui me sourient si j'ai bien écrit, qui m'encouragent si j'ai exprimé des doutes. De façon très rare, Dieu merci, on en trouve un qui pue. Comme le commentaire de l'article précédent. Perfide, pervers, méchant, avec des traces très nettes de sadisme, c'est, à coup sur, le commentaire d'un mec. Les femmes peuvent être irrationnelles, sans doute, excessives, sans aucun doute, de mauvaise foi, sans absolument aucun doute, mais faux derche comme mon correspondant inconnu certainement pas. Et anonyme de surcroit; n'importe quel policier confirmera que l'immense majorité des lettres anonymes sont écrites par des hommes. Il y a du corbeau chez ce scribouillard. L'anonymat convient à ce genre de déjection.
Je n'aime que moi??? Il faudrait demander leur avis à ceux et celles qui me connaissent et qui m'aiment.

Assez parlé des grosses crottes puisque mon travail leur survivra. Parlons plutôt de jolies choses, de celles qui apaisent et font naître un sourire sur le visage de ceux qui les regardent. Ci- dessous mon petit dernier. Une reprise, en plus élaborée d'un tableau exécuté en métropole cet été. Couleurs, matières et agencement d'y-celles; ça nous change de la peinture ethnographique. Format: 50 cm x 65 cm

Vous qui m'aimez je vous embrasse tous.



dimanche 9 janvier 2011

Rhapsodies in blue




Il existe au large de Mayotte, pas trop loin tout de même, un îlot de sable blanc. En fait il y en a deux je crois, un au Nord et un au sud-est. Celui-ci est celui du sud-est; le plus couru. On y vient le jour on y vient la nuit, on y vient pour réveillonner on y vient pour se marier, on y vient quand on n'a rien à faire et ça tombe bien parce qu'à part prendre de méchants coups de soleil il n'y a strictement rien sur place qui puisse nous occuper, on s'y arrête quand on passe devant, sur la route de Saziley, on plonge alors les pieds dans son sable blanc brulant puis on remonte vite sur le bateau pour aller se mettre à l'ombre ailleurs parce que sur l'îlot de sable blanc il y a du sable, blanc on l'aura compris, et du sable et du sable et du sable. Moi qui déjà ne suis pas très plage je me suis toujours demandé ce que les gogols moyens pouvaient bien trouver d'intéressant à cette étendue de sable, même blanc. "Vous avez passé un bon week-end? Oh oui! Nous sommes allés à l'îlot de sable blanc!" Ravissement. Quatre vingt dix neuf pour cent des gogols en maillot sont des Blancs dailleurs; les noirs qu'on y trouve sont ceux qui conduisent les bateaux ou qui portent les glacières. Il ne viendrait pas à l'idée d'un mahorais de dépenser de l'essence pour aller là où il n'y a RIEN; même pas d'ombre. Mais les Blancs aiment le soleil et la mer, c'est bien connu, et ils ont aussi de l'argent à foutre en l'air, c'est bien connu aussi.

Le tableau ci-dessous représente l'îlot de sable blanc, côté mer. Plus intéressant de ce côté là parce qu'au moins ça bouge. N'empêche, jamais je n'aurai peint autant d'eau auparavant. Et avec plaisir une fois passée la surprise de la commande. La commande témoigne de la confiance du client envers le travail du peintre et quand on sait à quel point et à quelle fréquence les artistes ont besoin d'être confortés on comprend l'énergie qu'ils en tirent. Énergie d'autant plus forte que le sujet proposé est nouveau, ce qui est le cas ici puisque, de moi-même je n'aurais jamais peint ce tableau. Nul doute que si j'avais d'autres commandes de ce type je fatiguerais vite. Un peu comme les barges, ou les marchés, que je ne veux plus faire. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir; représenter la mer aura été un exercice intéressant, que je vais répéter, sans aucun doute.




Que de bleu, Seigneur, que de bleu! Jamais je n'avais fait autant de bleu. Pas désagréable finalement. C'est comme tout, sans doute, il va arriver un moment où ça va me lasser, un moment où je vais me mettre à douter, c'est toujours comme ça que les changements se mettent en branle. On n'a plus envie, on doute, on patauge à donf dans la bouillasse et on essaie une autre technique, d'autres sujets, une autre palette ou tout cela à la fois, rien que pour échapper à l'étreinte poisseuse de la peur de ne jamais plus produire que ce qui a déjà été produit. Là est l'angoisse suprême de l'artiste, la seule qu'aucun psy ne pourra jamais aider à résoudre puisqu'elle appartient à la fonction même de l'artiste. Elle fait partie du boulot en quelque sorte. Tu ne veux pas cette angoisse là, tu fais conducteur de bus ou agent d'assurrance ou industriel dans l'alimentaire; tu auras d'autres soucis mais pas celui de faire du nouveau à chaque fois que tu te mets au travail. J'imagine qu'aucun artiste digne de ce nom ne désirera jamais se faire soigner cette angoisse là; plutôt l'alcool, plutôt la drogue, plutôt jouer cent fois avec l'idée de suicide, plutôt passer pour la plus grosse tête de con de l'univers, plutôt s'adonner au jogging que de se séparer de cette angoisse là, la seule, peut-être qui soit féconde. Sans angoisse point de renouvellement et sans renouvellement point de surprise. Et que serait l'Art sans surprise? Il n'y a pas d'art sans étonnement. Notre siècle vaurien, escessif en toutes choses, confond allègrement étonnement et coup de poing. On ne cherche plus à étonner de nos jours, mais à choquer. Quelle foutaise! Choquer procède de la propagande; les publicitaires et les politiques font ça très bien. Etonner procède du raffinement. Ca semble moins couillu au départ mais ça dure plus longtemps. Et l'Art c'est ça; quelque chose qui dure, pas quelque chose qui se consomme tout de suite. Bref, on fait dans le bleu en ce moment. Le tableau bleu de chez bleu n'est pas fini; c'est un fond sur lequel je vais mettre des poissons. Des poissons bleus parce que des poissons rouges feraient un peu m'as tu vu. Pas fini mais je l'ai mis quand même parce que j'aime bien cette "rhapsodie in blue" finalement.




Et puis du mahorais aussi, pourquoi pas. J'en fais moins qu'avant mais je reprends des vieilles photos que j'arrange à nouveau en priant le Ciel que je le fasse de façon différente et au moins aussi convaincante. Y a pas que le bleu dans la vie. Il n'y a pas que le noir et blanc non plus. Ils me paraissaient faiblards ces premiers jets; je les ai donc coloriés.

A la suite de mon dernier message un commentaire m'a été droit au coeur. Un ou une "am Siégel". J'imagine une femme, ce qui n'est pas plus raisonnable que si j'imaginais un homme. Sûrement pas quelqu'un de la famille en tout cas; ce serait bien la première fois. Depuis plus de trois ans que mon blog existe il n'y a pas eu un mais alors là pas UN SEUL commentaire émanant de la famille; ni frère ni neveu, ni nièce ni cousin... De vrais bourrins. Sans aller encore jusqu' au "familles je vous hais" de Gide je peux dire aujourd'hui "famille tu me gonfles grave." J'espère bien entendu que l'un ou l'une de ses membres lira ce message et fera circuler l'information mais je n'y crois pas trop. Lorsque je serai mort, et sans doute bien des années après il se trouvera vraisemblablement une bonne âme pour relire mes écrits et on s'écriera alors, au cours d'un anniversaire ou à Noël, surement à Noël dailleurs, "Ah Marcel! Bon peintre mais pas facile!" Bande de ploucs! Tout ça pour dire que le commentaire de am Siégel m'a fait plaisir. Celui de Sev et François aussi bien sur ainsi que celui d'Olivier mais celui de am Siégel a eu la fraicheur de la nouveauté. Et le "je me régale" m'a ravi. Merci.