dimanche 5 octobre 2008

Brouillard


Mes mots sont durs
Mes images sont douces
Mes écrits fustigent
Mes tableaux apaisent.
Mes paroles quémandent
Mes dessins proposent
Mon verbe déborde
Ma peinture retient
Je dépends du mot
Je maîtrise le trait
De mes écrits j’attends réponse
De mes images j’attends plaisir
Je suis souvent satisfait par ce que j’ai écrit
Je le suis très rarement par ce que j’ai peint
Je règle mes doutes sur le papier
Et mes espoirs sur la toile
J’écris le monde tel qu’il est
Je le peins tel que j’aimerais qu’il fût
Argumenter m’excite et me déchire
Exposer me trouble et m’affirme
J’ai besoin d’écrire
J’ai peur de peindre
Si je devais me passer des mots je le ferais la mort dans l’âme
Si je devais me passer de peindre c’est mon corps que la mort prendrait

La vérité c’est que depuis quelque temps je ne comprends plus rien à rien

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli texte.
C'est peut-être ça être artiste, le doute perpétuel.
Les tableaux sont magnifiques et de toute beauté, ça c'est mon avis en tant que "spectateur". Chacun peut y mettre ses mots, son histoire, ils ouvrent un champ libre à l'imagination.
Les écrits laissent moins de liberté. On peut construire des images, et au mieux, un univers. Mais selon, notre état d'esprit, ces images et cet univers sont plus ou moins beaux.
Pouvoir concilier les deux, peindre et écrire, ça doit quand-même être formidable !
Ce brouillard va se dissiper avec les premières pluies...

Anonyme a dit…

Je ne suis pas artiste....Et pourtant...même si je ne sais ni peindre, ni dessiner j'ai une grande sensibilité au monde.
Je pense même avoir un odorat et une ouie d'animal (de louve?) depuis que je suis mère. Je ressens par exemple la totalité des émotions de mes interlocuteurs lors qu'ils bougent, parlent, regardent. Parfois cette (extra?)lucidité m'étouffe. Le mot esthétique à la même racine que celui d'anesthésie. Esthétique vient de "sentir".
Si j'étais capable d'écrire comme vous Marcel, je dirai excatement ce que dit votre texte, posté le jour de mon anniversaire. Je le prends donc pour un cadeau. Merci.
MA

Anonyme a dit…

Merci
J'apprécie beaucoup ces chinoiseries. Le format, le noir & blanc et les couleurs, les thèmes, les espaces de liberté qui s'en dégagent, la sérénité, la vie, le talent de Marcel qui transparait dans ces très réussis assemblages...
Sincèrement
Laurent

Anonyme a dit…

Un illustre personnage n'avait-il pas chanté:

Jean Gabin
Paroles: Jean-Loue Dabadie 1974

"Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
J'parlais bien fort pour être un homme
J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS

C'était l'début, c'était l'printemps
Mais quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne
J'regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas
Et je n'sais toujours pas comment elle tourne !

Vers 25 ans, j'savais tout : l'amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l'amour ! J'en avais fait tout le tour !

Et heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.
C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots :

"Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,
j'peux pas mieux dire, il fait très beau !

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse !

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j' savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge ?

Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS !

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais ! Mais ça, j'le SAIS... !"


Quand j'avance dans mes réflexions sur le monde, l'univers et les choses, quand je crois m'être rapproché d'un savoir ultime, je m'aperçois finalement que plus on sait et moins on sait....la chanson est on ne peut plus vraie. je n'ai pas encore la quarantaine mais je crois bien comprendre que le coeur des choses n'est pas ce qui est le plus visible et le savoir n'est pas l'accumulation de connaissances, le savoir c'est la conscience de ce non-savoir.
Ne plus rien comprendre à rien...
est peut-être la vraie connaissance...?